Un point d’eau, même tout petit, apporte une autre dimension au jardin. Il s’y crée un micro-climat et cela devient vite le lieu le plus vivant du jardin: insectes, libellules, oiseaux, poissons, tritons ou grenouilles… C’est un bonheur d’observer la flore et la faune qui peuple le bassin.
En mai 2016, nous avons créé ce petit point d’eau…
Etape 1: Définir l’emplacement et la forme du futur bassin.
Un endroit ensoleillé sera propice au développement de la végétation aquatique et à l’équilibre biologique de la mare.
Nous avons d’abord envisagé d’enterrer une grande cuvelle de maçon mais nous avons finalement décidé de voir un peu plus grand.
En tenant compte des contraintes liées au jardin (massifs existants et accès à la terrasse ronde), nous définissons la forme et les dimensions de la future pièce d’eau: environ 80 x 130 x 170 cm.
Etape 2 : creuser!
On sort les outils pour creuser un trou d’au moins 60 cm de profondeur (c’est le minimum conseillé).
La bêche, la pelle… pas besoin de pioche, par chance, nous n’avons pas de cailloux!
Un palier intermédiaire à environ 35 cm permettra d’accueillir des plantes qui ont besoin de moins de profondeur.
Ici, nous prévoyons encore un palier tout autour, d’environ 15 cm (soit la hauteur de nos gros pavés de récupération destinés à maintenir et cacher la bâche). Chaque coin pourra ainsi accueillir une plante dite « de berge ».
Un côté avec une pente douce ou des paliers permettra à un hérisson malencontreusement tombé dans l’eau de se hisser dehors plutôt que de s’y noyer.
Nous avons disposé les pierres en bordure afin de vérifier, avec un niveau à bulle, que la surface est bien horizontale.
Etape 3: installer la bâche
Si nous avions eu un sol un peu caillouteux, nous aurions préalablement placé un feutre de protection (géotextile), mais nous ne l’avons pas jugé nécessaire pour notre si petit bassin.
Nous avons simplement opté pour une bâche EPDM, achetée chez Aquiflor, à Nodebais.
Cette membrane assez épaisse et résistante, mais souple, n’est pas trop difficile à mettre en oeuvre mais la placer prend pas mal de temps.
Le bassin est rempli à l’eau de ville (car l’eau de pluie contient de l’azote qui favoriserait les algues).
On a d’abord laissé l’eau faire son trou… Au fur et à mesure, on disposait les plis au mieux, en essayant de faire comme des fronces dans un tissu, puis on replaçait les pierres de la berge pour caler ce qui était bien positionné.
Il a fallu se mouiller un peu pour ajuster les plis de la bâche! La forme triangulaire du trou ne facilite pas le travail.
Pour terminer, il faut découper l’excédent de toile.
Etape 4 : aménager les abords du bassin
Ratisser la terre autour pour aplanir le sol et ressemer la pelouse.
Planter des végétaux couvre-sol. Il ne faut pas longtemps pour que la végétation camoufle les rebords de berges: alchemille, géranium vivace, rosier, campanules des murs, érigeron, lysimachia nummularia, etc.
Etape 5: installer des plantes aquatiques
Deux semaines après la mise en eau du bassin, on étale au fond de l’eau un substrat spécial qui permet aux bonnes bactéries de se développer… Ces sortes de graviers beiges ont en outre l’avantage de cacher les plis de la bâche.
On ajoute des plantes aquatiques en n’oubliant pas des plantes oxygénantes! Il est très important de respecter la profondeur de plantation recommandée.
Nous avons choisi:
- 1 nymphea nain pour la profondeur maximale (-65 cm). Le nénuphar ombragera une partie de la surface et limitera ainsi la prolifération des algues…
- 1 iris versicolor, floraison mauve de juin à juillet, Ht 60/80 cm, profondeur 0/-10 cm
- 1 Juncus inflexus (J. glaucus), floraison de juillet à août, Ht 70 cm, profondeur +5/-5 cm
- 1 pontederia cordata, floraison 06-09, hauteur, 60 à 80 cm, profondeur -10 à -30 cm
- 1 ceratophyllum demersum, plante oxygénante
- 1 hippuris vulgaris, plante oxygénante, profondeur -5 à -60 cm, hauteur 30 cm.
- azolla caroliniana (attention cette fougère flottante peut se révéler envahissante!)
Je n’ai pas trouvé l’hydrocharis ou le stratiote aloides, faux aloès, plante flottante qui descend au fond de l’eau en hiver et remonte au printemps.
Mais j’ai plus qu’assez de plantes pour la taille de mon bassin…
Quelles plantes choisir ?
Voici ma petite sélection de plantes mais il y en a bien d’autres en jardinerie spécialisée. N’hésitez pas à demander conseil à des experts tels que la jardinerie aquatique « Aquiflor » à Nodebais (Beauvechain).
- Nymphéa : il existe des nénuphar nains pour les plus petits bassins. Ils ont une croissance lente et leurs feuilles adultes ne font pas plus de 10 cm. Profondeur maximale de plantation -50 cm.
- Plantes épuratives pour aider à garder l’eau claire.
– Hippuris vulgaris est sans doute la meilleure! Ses tiges en forme de sapins dépassent de 40 cm au-dessus de l’eau. A contenir car ses rhizomes peuvent se montrer envahissants!
– caltha palustris (populage des marais), une renoncule qui forme une touffe de 45 cm environ avec des fleurs jaunes et des feuilles arrondies. Profondeur maximale de plantation : -5 cm (remontez-là en plaçant une pierre non calcaire sous le panier)
– pontederia lanceolata avec ses belles feuilles en fer de lance et ses fleurs bleu-violet de juin à septembre. Hauteur 80 cm. Elle n’est pas trop envahissante, ses rhizomes sont peu traçant, et elle aide à limiter les algues filamenteuses dans le bassin.
– la sagittaria graminea forme une rosette de feuilles de 40 cm, au dessus de l’eau, et offre des petites fleurs blanches tout l’été. Profondeur maximale de plantation : -25 cm
– iris des marais (iris pseudacorus) : belles fleurs jaunes au printemps. Ses tubercules ne sont pas envahissants. Profondeur maximale de plantation: -20 cm
– iris versicolor : floraison mauve de juin à juillet, Ht 60/80 cm, profondeur 0/-10 cm - Plantes oxygénantes : Ceratophyllum demersum est la plante oxygénante idéale puisqu’elle permet de concurrencer les algues en consommant les excédents de nitrates. Elle est immergée et ne possède pas de racine. Pour sa mise en place, il faut simplement la lester avec un cailloux.
Il faudra toutefois la limiter de temps en temps si elle prend trop ses aises.
L’oxygène permet aux bactéries de bien se développer. Ces bactéries vont épurer l’eau.
NB: Dans les plus petits bassins, cette plante qui peut s’avérer envahissante pourrait être remplacée par une petite pompe qui générera de l’oxygène en donnant un mouvement dans l’eau…
Comment les installer?
Les plantes aquatiques, généralement achetées en paniers perforés, sont posées avec leur panier au fond du contenant. Il peut parfois être utile de remplacer le panier par un plus grand. Prévoyez-le lors de vos achats.
Si les pots ne sont pas perforés, achetez un panier spécial pour plantes aquatiques et remplissez-le de substrat spécial pour bassin.
Il est important de respecter pour chaque plante la profondeur de plantation recommandée donc, si nécessaire, remontez le panier en plaçant dessous une pierre non calcaire, un pot en terre cuite à l’envers, ou une brique.
Versez ensuite le reste de votre substrat au fond du bassin, autour des pots.
Etape 6 : observer l’équilibre biologique qui s’installe…
Le bassin s’anime avec la petite faune qui y élit domicile, demoiselles et libellules virevoltent, les escargots d’eau douce mangent les algues sur les parois du bassin, les araignées d’eau patinent à la surface… Et pas de moustiques!
Au début, l’eau reste plus ou moins claire et les plantes aquatiques poussent. On guette chaque jour la montée des feuilles du nymphéa: plus que 5 cm, 4, 3, 2,…
Les petites fougères d’eau se multiplient gentiment… Je sais que bientôt elles envahiront tout et qu’il faudra limiter leur nombre avec l’épuisette mais je les trouve mignonnes tout plein!
Tout d’un coup, au bout d’un mois, le bassin se couvre d’algues vertes! Mais toutes les algues disparaissent 24 h plus tard. Depuis, l’eau reste claire!
Il m’arrive parfois d’enlever du bout des doigts un filet d’algues filamenteuses flottant à la surface, mais l’eau est quand même transparente, l’équilibre semble en bonne voie…
Etape 7 : adopter des poissons ?
Après quelques semaines, nous recevons 2 poissons rouges de notre voisine. Quel plaisir de les regarder onduler dans l’eau!
Un écosystème se crée et les poissons trouvent leur nourriture dans l’eau (larves, vers de vase, insectes aquatiques, algues qui se développent sur les parois du bassin). Ils ne reçoivent jamais d’autre nourriture et ne s’en portent pas plus mal.
L’hiver, ils hibernent au fond du bassin et dès l’été suivant, on remarque trois bébés poissons!
Le mieux serait d’éviter les poissons rouges, simplement pour leur bien être… Idéalement, les poissons rouges ont besoin de 100 litres par individu et ils vivent par banc de 5 au minimum. Ils ont une durée de vie d’environ 25 ans !
En petits poissons, on recommande plutôt les Tanichtys Albonubes et les Notropis Chrosomus ou les Gambusia Affinis.
Pour les milieux pauvres en oxygène il y a aussi le Macropode opercularis.
Mais notez tout de même que les poissons risquent de manger les oeufs pondus dans l’eau et les larves… Alors si vous voulez voir des têtards, des demoiselles ou des dytiques, oubliez-les ou alors, créez une zone trop peu profonde pour eux afin qu’ils n’y aillent pas…
Etape 8 : Le bruit de l’eau…
Nous avons installé un bulleur solaire. Cela permet d’oxygéner mais aussi de donner un mouvement à la surface de l’eau. C’est joli à regarder ces petites bulles mais je déplore le léger bruit de moteur, surtout quand le soleil est ardent!
On projette encore d’aménager une sorte de petite cascade…
La question s’est posée sur la nécessité d’installer ou non une pompe avec filtre pour garantir la bonne circulation de l’eau et le traitement du point d’eau.
Néanmoins, nous avons décidé de privilégier un bassin naturel et nous constatons qu’il est grouillant de vie, sain, sans invasion de moustiques et harmonieusement intégré au jardin…
Il ne nous demande qu’un entretien minimum: enlever quelques algues de temps à autre et couper les fleurs fanées…
En fin d’hiver, tous les 1 ou 2 ans, il faut diviser les plantes aquatiques qui prennent trop d’ampleur afin qu’elles ne débordent pas de leur pot.
Le bilan au bout d’un an et demi est excellent! Vraiment aucun regret!
Etape 9 : une cascade
Plus tard, nous avons remplacé le bulleur dont le bruit du petit moteur m’agaçait quand le soleil était au zénith, par une petite cascade de pierres avec une petite pompe immergée pour assurer la circulation de l’eau.
Clic ici pour en savoir plus sur la cascade… et ici pour voir une vidéo avec Tonton le triton.
C’est super joli et ton texte bien intéressant !! J’envois à une amie qui n’a pas FB et que ça va intéresser… gros bisous
Merci Françoise! Et merci pour ton partage! 😉
J’adore, c’est vraiment une réussite.
j’en ai un au jardin mais il n’est pas terrible cette année. Je viens d’investir dans plusieurs plantes oxygénantes et filtrantes, affaire à suivre. C’est quoi ce bulleur solaire, je m’en vais voir ça de plus près.
Bises et bon dimanche
Merci pour avoir partagé votre expérience.
Votre point d’eau est superbe et plein de charme.
J’ai tout imprimé et je vais suivre la procédure.
Bises
Ravissant petit bassin qui nous a donné envie de créer le notre. Nous allons suivre à la lettre votre article. Merci.
Ah chouette! Bravo! Il vous apportera beaucoup de plaisir et de satisfaction!
N’hésitez pas à m’envoyer des photos de son installation! 😉
Très beau !! Cela fait envie , mais petit bémol ,j’ai un terrain en pente, avez-vous déjà vu un petit bassin intégré dans une pente ? En tout cas, merci pour tous vos partages toujours instructifs !
No seulement c’est possible mais c’est même une belle opportunité pour créer une petite cascade naturelle! 😉
La mise en oeuvre varie évidemment selon que la pente est légère ou forte et en fonction de la dimension du bassin dont on rêve. Dans un cas il peut suffire d’utiliser la terre que l’on enlève du trou, pour faire un petit remblais du côté le plus bas et ainsi remettre la zone qui entoure le bassin à l’horizontale.
Si la pente est un peu plus forte, il se peut qu’il faille monter un muret de soutènement en pierres ou en briques ou en bois pour retenir ces terres.
Si la pente est vraiment importante, et que le bassin est grand, on peut construire un mur tout autour du bassin.
Alors, vous creusez? 😉
Bonjour Malo,
J’ai relu cet article un nombre incalculable de fois et l’envie d’un bassin grandissait un peu plus à chaque lecture… Après des mois de tergiversation concernant l’emplacement et la taille, ce week-end, confinement aidant, on s’est lancé et le trou est creusé! Il sera triangulaire comme le votre et avec deux niveaux de profondeur, longeant un massif pour être intégré à la végétation. Tout comme vous! Le votre est tellement beau qu’il inspire! Mais je ne trouve pas sur internet les gravillons blancs qui semblent tellement importants pour l’équilibre biologique du bassin. Vous l’appelez « substrat » mais existe-il un autre nom (car sous le terme substrat, je ne trouve que de la terre pour plantes aquatiques…)
Merci d’avance pour votre réponse.
Cécile
Ah ah, j’ai bien ri! Je suis heureuse de pouvoir vous donner de si belles idées! Vous verrez toute la petite faune qui vient très vite peupler le bassin, c’est un bonheur d’observer!
Voici le substrat que nous avons utilisé https://www.aquiflor.com/catalogue/substrat-etang-4-12mm-argile-jaune-135-kg/
Je vous souhaite autant de plaisir que nous, avec votre nouveau bassin!
Merci pour votre message. Belle soirée!
Merci Malo pour cette réponse rapide. Une dernière question avant de vous laisser déguster votre lapin de Pâques, caché dans les bergénias : pourquoi avez-vous choisi ce substrat plutôt que la zéolithe qui semble plus filtrante?
Merci d’avance!
Cécile
Le jardinage, c’est ma passion