Pour toute personne à peu près sensée, ou ayant le vertige, vouloir maîtriser et palisser un rosier liane est tout simplement de la déraison!
Mais les jardiniers passionnés se laissent souvent emporter dans cette folie… Le rosiériste André Eve était de ceux-là, lui qui en a palissé des dizaines sur ses pergolas!
Qu’est-ce qu’un rosier liane?
Les rosiers lianes sont des rosiers grimpants vraiment très vigoureux. Ils dépassent les 4 mètres de haut et certains peuvent aller bien au-delà de 10 mètres!
Ces rosiers sarmenteux produisent de nombreux rameaux, longs et flexibles, qui ont besoin d’un support pour leur développement.
Leur très grande végétation les destine généralement à escalader des vieux arbres ou des conifères mais il est aussi possible de les laisser courir sur un talus ou de les palisser soit pour habiller une façade, soit pour couvrir une pergola ou une grande gloriette.
Beaucoup donnent des cynorhodons, petits fruits orangés à rouges, décoratifs en hiver.
Dans mon jardin, le liane ‘Paul Himalayan’s Musk’, au parfum puissant, est planté à la base de la tour du toboggan.
La majorité des rosiers lianes ne sont pas remontants, c’est-à-dire qu’ils n’offrent qu’une seule floraison par an, mais elle est toujours spectaculaire!
‘Roville’, une obtention d’André Eve, est un des rares lianes remontants et je profite donc longtemps de ses larges églantines rose vif qui couvrent la pergola de Park Allée.
Comment tailler un rosier liane?
Ceux qui partent à l’ascension des arbres ne nécessitent pas de taille et se développent naturellement. De toute façon, ils sont inaccessibles, la question est réglée!
Eventuellement, on raccourcira les tiges qui retombent trop bas, ou en enlèvera du bois mort si on y accède…
Mais pour ceux qui sont palissés sur un support, une taille devient indispensable pour éviter qu’ils ne prennent trop d’ampleur.
André Eve taillait toujours tout ses rosiers lianes dès le mois de janvier car la reprise de végétation est précoce et un palissage plus tardif risquerait bien d’abîmer les bourgeons prometteurs. Forte de son enseignement, je pratique de la même façon, tant chez moi que dans son jardin.
Perché sur un escabeau, il faut supprimer le bois mort, bien entendu, puis les anciens bouquets floraux (les bouquets de cynorhodons) et les tiges trop chétives.
Attacher les branches avec un lien souple : palisser avec soin les longs rameaux de l’année (ceux qui ont poussé juste après la floraison mais aussi ceux qui poussent après l’hiver, seront les plus florifères). Plus on les courbe vers l’horizontale, plus ils porteront de fleurs. Sur un seul poteau, on pourra même les enrouler en spirale autour du support.
Je laisse la suite à votre appréciation car il n’y a pas une seule loi qui régit la taille de ces géants: selon le support et la vigueur de la bête, soit on s’arrête à cet entretien succinct, soit on taille plus sévèrement.
De manière générale, on peut supprimer les tiges qui ont déjà fleuri deux années successives car elles seront de toute façon les moins florifères (on reconnaît les tiges plus vieilles, plus brunes, plus ramifiées).
On gardera éventuellement celles qui n’ont fleuri qu’une fois, l’année précédente, en raccourcissant simplement les tiges des anciens bouquets floraux (il y a plusieurs écoles: on peut laisser 1 ou plusieurs yeux (=bourgeons) sur ces tiges. Ca fait alors comme des arêtes de poisson).
Personnellement, quand le support est restreint et le rosier vigoureux (comme Roville sur ma pergola par exemple) je garde seulement les plus belles branches principales, et les vigoureuses branches secondaires qui ont poussé dans l’année et qui n’ont encore jamais fleuri. Je supprime le reste (voir photos avant/après ci-dessous).
Cette taille assez sévère retarde peut-être légèrement la floraison, ce qui n’est pas bien grave car elle est toujours aussi spectaculaire.
Certains de ces rosiers sont tellement vigoureux qu’ils sont capables de faire des pousses de plus de 3m de long en une saison.
Pour les palisser sur ma pergola, je les dirige en éventail pour éviter que les branches s’entrecroisent et j’attache avec un lien souple, pour ne pas blesser les tiges.
Sur une façade ou un grand mur, on peut les palisser en espalier.
La pergola avant et après la taille:
Normalement, les rosiers non-remontants sont taillés juste après la floraison?
Oui on peut effectuer une première taille après la floraison si nécessaire (support restreint, encombrement, lieu de passage…).
Mais quand il s’agit de rosiers lianes, j’y vois plusieurs inconvénients:
– la suppression des fleurs fanées empêchera l’apparition des cynorrhodons, pourtant décoratifs en automne/hiver et source de vitamines pour certains oiseaux.
– en plein été, ces rosiers peuvent être difficiles d’accès si ils sont situés en fond de massifs, noyés dans une végétation assez dense, ou mélangés à des clématites par exemple.
– il est compliqué de s’y retrouver pour démêler les longs rameaux avec leur feuillage, on y voit plus clair en hiver!
– après la floraison, ces rosiers vont former de nouvelles tiges longues et vigoureuses, qu’il faudra palisser soigneusement car ce seront les plus florifères l’année suivante. Mais en été elles sont encore très fragiles et se cassent facilement quand on tente de les attacher!
Si on attend décembre, on fait d’une pierre, deux coups!
Taille des lianes au jardin d’André Eve
Ce week-end, j’étais à Pithiviers, dans le Loiret, dans le jardin privé d’André Eve, pour l’Association des Amis d’André Eve.
Avec les bénévoles, nous avons consacré 2 jours à tailler et palisser les lianes des pergolas.
Lisez le compte-rendu de la charrette de janvier 2017 que j’avais publié sur le blog de l’Association des Amis d’André Eve (clic ici).
Bientôt le printemps…
Avec tout ça, on sent déjà venir le printemps qui ouvrira la saison et nous propulsera au jardin pour le grand nettoyage.
La végétation reprend, les jeunes pousses affleurent parfois, les hellébores fleurissent, le printemps est donc proche!
Mais attendons encore un peu pour nettoyer le jardin car de nombreux insectes auxiliaires s’abritent du froid sous les feuillages et tiges sèches. Il ne faut pas les déranger…
A plus tard pour la suite des travaux au jardin!
On se demande parfois par quel bout prendre ces beautés gigantesques. C’est appréciable de voir clairement la taille que tu appliques. Roville est une merveille, ton Paul Hymalayan’s Musk’ une splendeur. Bises
Très intéressant! J’ai une petite question: Mon Filipes Kiftsgate a une super fructification toujours bien présente! Les oiseaux n’ont pas l’air de se servir! Penses-tu que nous devons supprimer tous ces bouquets de cynorrhodons? Merci pour tes conseils! Bisous
Pareil ici avec mon liane issu d’un semis spontané: il est rempli de cynorrhodons encore très décoratifs et j’ai du mal à les supprimer tellement je trouve ça joli! Je le taillerai en dernier…
Bien sûr tu peux sans problème attendre février avant de tailler ton ‘Filipes Kiftsgate’. D’ailleurs, la prochaine charrette chez André Eve pour tailler les lianes n’est prévue que les 8 et 9 février. Pour autant, n’attends pas que les bourgeons soient trop avancés car tu risques de les abîmer en intervenant… La reprise de végétation des rosiers lianes est généralement plus précoce.
Sinon, tu peux toujours en faire un énorme bouquet de cynorrhodons à suspendre au jardin au cas où les oiseaux changeraient d’avis quand il fera vraiment froid…
Merci beaucoup Malo! Je vais suivre tes conseils!! L’idée du bouquet me plait beaucoup! Bisous
J’ai aussi un ‘Paul Himalayan’s Musk’ sur une arche. Chaque année il est magnifique et pourtant il a été déplacé deux fois. Exhubérant, assez agressif, nous le taillons deux fois après la floraison pour ne pas qu’il entraîne l’arche par grand vent.
Pour tailler mon Filip Kifsgate il me faudrait une nacelle car il a colonisé mon noyer !
Roville va devoir subir une taille obligatoire car je dois accueillir ma nouvelle gloriette et cela me stresse ,normalement dans une quinzaine de jours !
Marietta Silva Tarouca ,Théo et sourire d’orchidee vont certainement souffrir aussi mais pas le choix !
Tes conseils sont judicieux car ils arrivent au bon moment !!!
Si je comprends bien tu ne gardes pas les branches secondaires ?
Gros bisous glacials
merci pour tous tes bons conseils
bon dimanche
je suis étonnée qu’André Eve n’ait écrit aucun livre sur la façon de cultiver , tailler les roses anciennes . Dommage
J’ai très bien connu André EVE. Il doit être heureux que l’on s’occupe si bien de son jardin qu’il adorait. Danielle C.
Nous pensons bien à lui en jardinant dans son paradis! Je crois qu’il veille encore sur ses fleurs de là-haut! 😉