Avant toute chose, pour créer un jardin…

Quand on a envie d’aménager son jardin, il y a plusieurs questions indispensables à se poser avant de se lancer…
Il est primordial de connaître le type de sol, de tenir compte de l’exposition et de votre climat.
Une plante ne sera jamais satisfaisante si son emplacement ne lui convient pas, et cela, même si vous prenez bien soin d’elle.
Ensuite, il s’agit de faire la liste de vos envies, vous imprégner de l’atmosphère, prendre conscience des points forts et des contraintes liées au jardin, définir un style, choisir les couleurs, réfléchir l’organisation globale du jardin pour aménager l’espace de façon cohérente,…
Alors seulement, on commence à jardiner…

1. Analyser le sol, connaître le climat et l’exposition

Que l’on veuille aménager tout un terrain ou ne fut-ce que créer un petit parterre dans un coin, il est indispensable de connaître la nature du sol pour réussir son jardin! Quel est son pH: calcaire, neutre ou acide? Est-il argileux, limoneux, sableux, caillouteux, profond? Est-il drainant ou pas?…

L’analyse d’un échantillon de votre terre permet de sélectionner des plantes qui y seront adaptées: une plante de rocaille pourrira en terrain humide, une plante de terre de bruyère ne se développera pas en terre calcaire, une terre argileuse et lourde n’accueille pas les mêmes plantes qu’un sol sableux…
Clic ici pour lire mon article sur les analyse de terre.

Observez aussi l’exposition de votre massif: soleil, mi-ombre ou ombre?
Une plante d’ombre brûlera en plein soleil, une plante de soleil ne fleurira (quasiment) pas à l’ombre,…

Tenez compte de la zone de rusticité dans laquelle vous vivez. Ne plantez pas des plantes sensibles au gel si vous êtes dans le grand nord! 😉 En Belgique nous avons régulièrement des gelées hivernales allant jusqu’à -12° et pire encore dans les Ardennes… (cela correspond à une zone de rusticité 8, voire 7).

On ne plante pas la même chose en plein soleil à Nice ou dans les Ardennes belges!
J’ai déjà vu côte à côte une lavande et un rhododendron, qui ne demandent pas du tout les mêmes conditions de culture!

tester le pH du sol avec un kit d'analyse de terre
tester le pH du sol avec un kit d’analyse de terre

2. La liste de vos envies…

Réfléchissez en famille à ce dont chacun a envie/besoin pour son jardin.
Faites une liste des critères importants à vos yeux, pour avoir un jardin qui vous ressemble.
Dans un jardin existant, qu’est-ce qu’on garde, qu’est-ce qu’on modifie, qu’est-ce qu’on supprime?

  • Une terrasse pour dîner en famille ou entre amis. Oui mais à 6 ou à 12?
  • Une haie brise-vue pour être chez soi
  • Une ouverture sur le paysage environnant?
  • Un espace de jeux pour les enfants : balançoire, toboggan, trampoline, bac à sable…?
  • Une corde à linge?
  • Un potager? Petit ou grand?
  • Une serre avec une table de rempotage?
  • Un compost
  • Un abri de jardin, de quelles dimensions? Pour quel usage?
  • Un rangement pour le bois de chauffage,…
  • Une belle vue devant la baie vitrée du salon?
  • Un transat pour bouquiner?
  • Un coin sauvage pour accueillir les oiseaux et la petite faune?
  • Un petit bassin ou un étang naturel?
  • Une piscine? Pas maintenant mais peut-être plus tard?
  • Une gloriette romantique ou une pergola…
  • Un poulailler
  • Des petits fruits? Un verger?
un carré potager pour les enfants

3. Observer, ressentir…

Ensuite, je dirais qu’il faut prendre le temps de se poser simplement dans le jardin, « ressentir » l’atmosphère, s’imprégner de l’endroit…
En faire le tour, le regarder sous différents angles…

  • Observer les perspectives à ouvrir sur une jolie vue
  • Y a-t-il des vis-à-vis à cacher?
  • les endroits ensoleillés ou ombragés
  • d’où vient le vent, où tombe la pluie?…
  • Où vous installez-vous le plus volontiers pour prendre le soleil en fin de journée ou au contraire pour le fuir aux heures les plus chaudes?
  • Quels chemins emprunte-t-on le plus naturellement?…
  • Où positionner la terrasse en tenant compte de l’ensoleillement, des vents dominants et de l’ombre portée de la maison?
  • prendre note de l’existant : un arbre, un muret, un dénivelé…
  • Quels arbres ou arbustes ont de belles couleurs d’automne, une floraison parfumée, une floraison hivernale intéressante?…
  • Quelles sont les contraintes? (un vilain mur, une chambre de visite, une servitude?…)
Nous avons aménagé la terrasse ronde au fond du jardin, car c’est là que viennent mourir les derniers rayons du soleil en fin de journée.

4. Dessiner l’ossature de son jardin et/ou matérialiser le projet sur le terrain

Un croquis permet de réfléchir à la disposition des différents éléments clés plutôt que de les installer à la hâte et d’être obligé de jouer à la chaise musicale pour déplacer les plantations l’année suivante…

Pas besoin d’être un as du dessin! Commencez par un brouillon à main levée… Ensuite, dessinez un plan à l’échelle en vous basant sur le plan cadastral ou alors reportez les dimensions du terrain sur une feuille de papier (sur du papier quadrillé, c’est plus facile, 1cm = 1m).

  • Positionnez dessus les éléments existants que vous souhaitez conserver (la maison bien sûr, les arbres, la terrasse, un muret…)
  • Positionnez ceux que vous voulez introduire (balançoire, potager…).
  • Pensez au côté pratique : rangez le bois à proximité du lieu où il vous est livré et près de la maison pour éviter des manutentions inutiles. Plantez les herbes aromatiques près de la cuisine. Faites sécher le linge au soleil…
  • Pensez aux perspectives, une ouverture vers la campagne environnante ou une vue sur la cime des arbres des voisins…
  • Dissimulez les vis-à-vis : positionnez les éléments brise-vue (arbres, arbustes à feuillage persistant, haies, palissade…)
  • Tracez les allées : le chemin le plus court est le plus pratique mais pas toujours le plus esthétique. Une allée courbe agrandit l’espace.
  • Dessinez les zones de plantations : les massifs lient harmonieusement les espaces entre eux, adoucissent les contours du terrain et les angles de la terrasse…
  • Un îlot fleuri isolé sur la pelouse peut créer un volume intermédiaire et inviter à la promenade.

Le tout est de définir l’emplacement idéal pour chaque espace de votre jardin, afin qu’il soit bien agencé et pratique.
Avoir une idée globale des aménagements, même si ensuite on réalise les travaux petit à petit, permet d’assurer une cohérence entre les différents espaces, mais aussi de planifier les travaux de façon méthodique.

Esquisse
plan de composition du jardin

Si un plan vous paraît trop compliqué ou trop abstrait, matérialisez votre projet directement sur le terrain!

  • délimitez provisoirement les contours des massifs ou de la terrasse avec des bâtons et de la ficelle, ou avec des briques, des bûches, le tuyau d’arrosage,…
  • Plantez un piquet ou un grand bambou à l’emplacement prévu pour un arbre…
  • En passant la tondeuse, assurez-vous que les courbes seront pratiques à tondre.

De cette façon, vous pourrez mieux visualiser le rendu final, les proportions des massifs, les dimensions de la terrasse, le tracé des allées, l’emplacement d’un arbre et son ombre portée au cours de la journée…
Cela permet de faire des ajustements avant de concrétiser le projet.

matérialiser le contour d’un nouveau massif

5. Couleurs et style… Se laisser inspirer, imaginer…

Définir un style est important…
Quelles sont les couleurs et les ambiances qui vous parlent le plus?

Revues, livres, blogs jardins, sites internet, Pinterest, émissions télévisées, visites de jardins, fêtes des plantes,… sont autant de sources d’inspiration qui peuvent aider à se projeter dans un style de jardin plutôt qu’un autre.

Ne multipliez pas (trop) les ambiances, surtout dans un petit jardin que l’on embrasse d’un seul regard. L’ensemble doit être cohérent, harmonieux.

magasine Nest Spécial Jardins, printemps 2019 (c’était un article sur mon jardin écrit par Caroline Coppens avec les photos de Frédéric Raevens)

6. Améliorer la terre, préparer le sol

Je pense qu’il faut s’adapter au type de sol dont on dispose (Il me semble absurde de faire une poche de plantation avec de la terre de bruyère pour planter un rhododendron dans un terrain calcaire…).

En revanche, on peut rendre un sol plus fertile, plus souple, plus facile à travailler, en faisant un apport de compost ou d’un engrais organique riche en humus.
Si on n’est pas trop pressé de planter, on peut utiliser la technique de la lasagne pour préparer un futur massif ou un potager.
Les engrais verts donnent aussi d’excellents résultats.

Ne négligez pas la préparation du sol : les plantes pousseront de manière optimale dans une terre riche et ameublie.

Bien sûr, après les plantations, vous continuerez à améliorer votre terre années après années pour obtenir un sol fertile et vivant.

préparation d’une lasagne sur un futur massif, en suivant la courbe matérialisée préalablement avec des bûches de bouleau… (crédit photo Frédéric P.)

7. Définir les priorités, planifier les travaux

« Par quoi commencer? » me demande-t-on souvent.

L’ordre des travaux vous appartient! Il dépendra en grande partie de votre budget et de vos priorités personnelles : la clôture pour la sécurité des enfants et du chien, le cabanon pour ranger les outils, la haie pour s’isoler des regards, un arbre pour ombrager la terrasse l’été…

La saison et la météo sont à prendre en compte : même si techniquement on peut planter toute l’année (hors période de gel et de canicule), c’est l’automne qu’il est préférable de planter, surtout les arbres et les arbustes.
Les plantations qui ne seront pas faites au printemps devraient attendre l’automne suivant car planter en plein été n’est pas idéal…

Planifiez les travaux de façon méthodique : ne commencez pas par des travaux qui gêneraient la suite des aménagements ou qui pourraient être abîmés.
La livraison de matériaux risque d’endommager le gazon ou la clôture par exemple…
Si vous clôturez, prévoyez un passage facile pour les engins qui devraient encore intervenir pour la suite des travaux.
Ne semez pas inutilement de la pelouse là où vous prévoyez un parterre de fleurs. Faites-y plutôt une lasagne de cartons et débris végétaux pour préparer le sol en attendant les plantations.
Regroupez les travaux qui nécessitent le même matériel : profitez de la présence d’une mini-pelle sur le chantier pour réaliser à la fois les fondations de la terrasse, la tranchée pour planter la haie, et peut-être creuser votre futur bassin, même si ces travaux ne sont pas prévus dans l’immédiat.

on a fait réaliser la petite terrasse en bois, avant le nouveau gazon…

8. Dès la conception du jardin, penser à en limiter l’entretien futur!

Même si des ajustements sont toujours possibles a posteriori, il vaut mieux penser, avant la plantation, à limiter les tâches, surtout si le jardinage représente une corvée pour vous ou que vous avez peu de temps à y consacrer:

  • choisissez des arbres et arbustes qui ne nécessitent pas forcément une taille annuelle et qui ont une silhouette naturelle élégante (viburnum plicatum, amélanchier, rosiers botaniques,…)
  • choisissez des plantes à la fois résistantes à la sécheresse et rustiques, qui ne nécessiteront pas de protection hivernale.
  • privilégiez si possible la haie libre et diversifiée plutôt qu’une haie stricte monospécifique.
  • laissez une zone de prairie naturelle (tonte différenciée)
  • installez des plantes vivaces couvre-sol et/ou du paillage pour limiter de désherbage et l’arrosage.
  • prévoyez l’installation de réservoirs d’eau de pluie.
amélanchier, viburnum plicatum, cornouiller, viorne obier et érable, dans la haie libre

9. Demandez des conseils 😉

Si vous hésitez pour le choix des plantes, demandez l’avis d’un pépiniériste spécialisé qui pourra vous orienter vers des plantes adaptées à votre terre et à l’exposition, et vous donner des conseils de plantation…
Si vous avez besoin d’un coup de pouce pour mûrir votre projet et mettre vos idées au clair, si vous êtes indécis quant à l’aménagement d’un espace ou l’harmonisation des espaces entre eux, ou pour les associations de couleurs,… N’hésitez pas à demander conseil à un jardinier-paysagiste qui pourra vous aider à réfléchir l’organisation globale du jardin…

Et sinon, à part ça…

“Pour faire un jardin, il faut un morceau de terre et l’éternité.”
Gilles Clément

14 commentaires sur “Avant toute chose, pour créer un jardin…

  1. C est vrai que faire un jardin demande pas mal de connaissances et d expériences, une vie n y suffira pas…Je change les plantes de places affinités des couleurs…C est les joies du jardinage….

  2. et l’eau? très important , si on fait faire des travaux autour de la maison , faire installer des robinets dans divers endroits du jardin , cela évitera de trainer des kms de tuyaux , et de faciliter l’installation d’un arrosage automatique pour les étés canicules ou les absences . Monfils dans l’installation de son jardin l’a oublié , d’autant plus que son jardin de 400m2 a une forme un peu compliquée , ce qui aurait nécessité plusieurs points d’eau.

  3. Plan idéal à distribuer aux nouveaux propriétaires de jardins!
    Perso, j’avais tout faux!!! Pas le temps et l’argent pour le jardin à notre arrivée, l’envie étant la plus forte, j’ai commencé à bêcher et planter ce qu’on me donnait! c’est ainsi que je me retrouve avec un immense saule tortueux parti d’un bouture de 50cm….et qq plantes invasives que j’ai réussi à éradiquer ensuite.
    Bref si j’avais su à l’époque ce que je sais maintenant ,mon jardin serait très différent!
    Mais je l’aime et je profite de mes petites palntounes rares ou adorées car à présent j’ai plein de temps pour les chouchouter!

  4. Bonsoir Malorie,
    Oui, c’est compliqué et ça prend du temps de créer un jardin. A notre arrivée en octobre 2018, 2 jardins, un devant et un derrière. Une grande allée de cailloux blanc devant avec une terrasse et 2 carrés de pelouse tout ceci entouré de murs. La maison et derrière un grand terrain entouré d’arbres. Je ne voulais pas commencer trop vite, j’ai regardé ma terre, ce qui poussait aux alentours, comment était cette terre, le soleil, le vent, la pluie. J’ai commencé le potager l’an dernier pendant le confinement. Nous avons abattu quelques arbres pour faire entrer le soleil. J’en ai fait des plans, des listes et des recherches pour savoir ce qui pouvait pousser dans cette terre. J’en ai lu des articles pour savoir comment améliorer ma terre ammoureuse. J’ai noté toutes les plantes que tu recommandes pour les terres argileuses. Et cette année, je me suis lancée j’ai délimité le potager avec des plessis (fait avec de la récup), pas grand chose, 4 carrés de 120 sur 250. J’ai délimité les plates bandes (je rêve de créer des mixes-borders) et j’ai commencé à planter. Tout est petit mais je sais que ça va prendre de l’ampleur. En attendant, je vais semer des annuelles et mettre des courges et des courgettes. C’est beaucoup de travail, de patience mais tellement de bonheur. J’ai hâte de voir les roses de mon Léonard de Vinci, de mes roses anglaises Her’s Augreen, mes Arums, Gaura, mon Oranger du Mexique … La patience est l’une des principales qualité du jardinier mais … Qu c’est long. Bon courage à toutes et tous

  5. Bonsoir Malorie,
    Je ne sais pas encore comment marche ce système car j’ai écrit un commentaire tout à l’heure mais il n’est pas paru. C’était au sujet de ma déception d’apprendre l’annulation de la visite de ton jardin.

  6. Article indispensable .. qu’il faudra re- publier de temps à autre tant il est rempli d’enseignements .. on a bien de la chance de te connaître et de te lire car on devient toujours plus calés en matière d’art des jardins à chacun de tes articles .. mais celui là, c’est l’article fondateur ..

  7. Bonjour,
    Est ce que vous avez un retour sur les cartons bruns ? On m’a dit qu’ils étaient recyclés et donc souvent avec des métaux dedans. Est ce que je ne risque pas de polluer, en faisant une lasagne avec ?
    Merci
    Anne

  8. Eh oui! Je l’ai appris à mes dépends…pourquoi certaines plantes se plaisent mieux ici que là…parfois ça nous échappe mais les succès et surtout les échecs nous rappellent à l’ordre!

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