J’ai souvent, très souvent, grignoté la pelouse, pour créer un nouveau massif ou en agrandir d’autres, pour peaufiner une bordure…

« Restera-t-il quelque chose de la pelouse? » demandait mon homme. Comique vas!
« Si tu agrandis les parterres maman, on aura moins de place pour jouer! » remarquait alors Théo. Mère indigne vas!

Combien de fois n’ai-je pas matérialisé les contours des massifs, en disposant sur le sol un tuyau d’arrosage, des bambous piqués en terre, des briques?
Ensuite, je reculais, j’appréciais les courbes, je rêvais aux roses et aux vivaces qui allaient prendre place, j’imaginais les hauteurs, les formes, les harmonies de couleurs…
Parfois j’observais ainsi plusieurs jours, avant de corriger le tracé si nécessaire.

Alors que j’agrandissais donc, parfois, mon mari me regardait amoureusement bêcher.
« Il n’y aura bientôt plus rien à tondre! Tant que tu y es , tu ne prolongerais pas jusqu’ici pour n’avoir plus qu’un chemin !? »
Il arrivait que je le prenne au mot! Je me redressais et le regardais très sérieusement… (là, déjà, il commençait à avoir peur…) puis je traçais directement les contours sous son regard ahuri.

C’est bien fini tout ça, je n’ai plus de place au jardin! Si je grignote encore, c’est plutôt du chocolat!
Alors qu’on ne s’étonne pas si maintenant, je rêve de grignoter la pelouse et créer des massif fleuris chez les autres!…