Éloge du Ver de terre

Quand j’étais toute petite, pour me consoler d’un malencontreux coup de bêche, papa me racontait que ça ferait 2 vers de terre au lieu d’un…
Balivernes! Plus tard, mon institutrice a rétabli la vérité: seule la partie avant reste lombric, tandis que la partie postérieure meurt et encore, seulement si on coupe derrière la selle (partie renflée du corps).
En effet, la partie antérieure de son corps (de couleur plus foncée) renferme tous les organes essentiels : le tube digestif, plusieurs cœurs et les organes mâles et femelle (il est hermaphrodite).

le ver de terre ou lombric : la selle se trouve plus à l’avant du corps

Et tandis que je croyais que les vers de terre aimaient plus que tout danser sous la pluie… Il s’avère en réalité que, comme ils respirent par la peau, ils sont obligés de remonter à la surface quand il pleut trop, pour ne pas se noyer, ou plutôt s’asphyxier, dans leurs galeries inondées!

Eh bien voilà, encore une croyance qui s’effondre!  😉

vers de terre – lombric, 20 à 30 cm de long.

Plaidoirie pour les vers de terre : De précieux auxiliaires du jardinier

Il est souvent méprisé ce long ver brun et mou, qui vit dans la terre et qui se tortille parfois dans tous les sens quand on le tient dans sa main…

Pourtant, leur rôle est essentiel car ils aèrent le sol et y incorporent activement de nombreux déchets organiques (fragments de feuilles en décomposition). Ils creusent dans la terre des passages pour l’eau de pluie et permettent ainsi aux racines de profiter de l’eau et des sels minéraux.
Ils rendent les nutriments plus accessibles aux plantes et ils accélèrent la décomposition du compost.
Les feuilles en décomposition et les organismes vivants dans la terre qu’ils digèrent, composent leur menu quotidien. Ils absorbent chaque jour leur propre poids de terre, qu’ils rejettent avec quelques sucs digestifs.
Les vers de terre sont un maillon essentiel du recyclage des matières organiques.
Ce sont donc de précieux auxiliaires du jardinier, pour créer un sol fertile et homogène!

Plus il y a de vers de terre dans le sol, plus votre sol est sain et fertile!

ver de terre

Son seul moyen de défense est de se cacher dans le sol. Ses principaux prédateurs naturels sont les oiseaux carnivores (merle, pic vert…), les hérissons, les taupes, musaraignes et les insectes (carabe doré), les serpents, les crapauds,…

vers de terre

Des gestes simples pour préserver les vers de terre

  • Ne laissez plus de terre nue dans les massifs et potagers: étalez un paillage tenant lieu de litière pour nourrir les vers de terre et leur tenir chaud : des feuilles mortes, du broyat, du compost… (Le paillage, pourquoi? Avec Quoi? clic ici)
    Il y aura aussi moins d’évaporation et une meilleure pénétration de la pluie que sur un sol nu. Et justement, les vers de terre recherchent l’humidité et une température positive.
  • Ne travaillez plus le sol en profondeur. Préférez la grelinette plutôt que la bêche car le bêchage (ou le labour) nuit aux lombrics, en mélangeant les couches du sol. Or, tous les organismes vivants du sol vivent dans des couches de sol bien spécifiques.
  • Si vous bêchez, utilisez la fourche-bêche, quand les lombrics sont plus bas dans le sol, en fin d’après-midi, vous risquez moins de les couper en deux!
  • Laissez-les où ils sont : Si vous déterrez un ver de terre, remettez-le vite dans la terre : le corps doit rester humide pour qu’il puisse respirer et qu’il ne se déshydrate pas.
  • Oubliez les pesticides, même bio : la fameuse bouillie bordelaise est particulièrement néfaste pour les vers de terre.
feuilles mortes en paillage

On distingue 3 catégories de vers de terre, classés en fonction de leur position dans le sol :

Le lombric est un invertébré. Le corps allongé (long de 10 à 30 cm), rose-brun, est segmenté en anneaux. On peut deviner à travers la peau fine et fragile le vaisseau sanguin dorsal.

ver de terre, lombric, Le corps allongé (long de 10 à 30 cm), rose-brun, est segmenté en anneaux
  1. les épigés  ou « vers de compost » vivent dans la litière de feuilles, en surface, et ne creusent pratiquement jamais le sol. Ce sont des petits vers fins, rouge rosé. Ils rendent bon nombre de nutriments plus accessibles aux plantes.
  2. les endogés : des vers blanchâtres, qui vivent en permanence dans le sol, à quelques centimètres de profondeur, et creusent des galeries horizontales.
  3. les anéciques sont nos gros lombrics communs, qui creusent des galeries verticales dans lesquelles ils font l’ascenseur pour venir récupérer de la matière organique en surface et la descendre en profondeur (il peut aller jusqu’à 2 m si la texture du sol le permet). Ils contribuent ainsi à améliorer la terre. Les petits turricules qu’ils rejettent en automne sur la pelouse renferment beaucoup d’éléments fertilisants (azote, phosphore).
vers de terre anéciques, lombric

Le saviez-vous?

  • Ce sont les animaux les plus répandus sur la planète.
  • Ils constituent 60 à 80% de la biomasse animale des sols.
  • Selon le milieu, on peut trouver de 50 à 400 individus /m² (ils sont plus nombreux en milieu forestier ou en prairie que dans les sols pauvres).
  • La durée de vie d’un ver de terre oscille entre 4 et 8 ans.
  • Ils sont photosensibles et détestent le sec. Les lombrics peuvent fermer leurs galeries à l’aide de turricules par temps sec et froid.

27 commentaires sur “Éloge du Ver de terre

  1. Un très bon auxiliaire, en effet. J’en ai trouvé beaucoup dans le potager cette année. Il faut dire que l’hiver a été pluvieux ! Avant, comme mon père, je les donnais aux poules. Quelle mauvaise idée !
    Bon après-midi.

  2. Merci Malorie,
    Moi aussi, plus jeunes, je pensais qu’un ver de terre coupé, en donnait 2 mais voilà !
    Ce que je ne savais pas c’est que trop d’eau lui nuit, voilà pourquoi cet hiver très pluvieux a fait apparaitre des vers de terre en surface, dans mon garage, sur la terrasse … !!!
    Il déteste le sec mais n’aime pas trop l’eau 🙂
    Merci pour tes articles, tous très intéressants
    Au plaisir de te lire

    1. On nous en fait croire quand on est enfant! 😉
      Oui, je suppose que c’est la pluie qui les a fait remonter en surface. Maintenant, on sait pourquoi! 😉
      Merci, à bientôt!

  3. Encore une spécialité à ajouter à ton déjà long CV:professeur.
    Tu as l’art de transmettre ton savoir encyclopédique, bravo et merci.
    danielle

    1. Merci Danielle!
      Mon savoir n’est hélas pas encyclopédique 😉 Je me renseigne et je recoupe de nombreuses infos trouvées sur le net pour élaborer mes articles. Et mon passé d’institutrice m’aide sans doute à transmettre tout ça de façon assez claire et concise 😉
      Belle semaine!

  4. Hello Malo
    Je viens de lire un article sur le ver Obama qui m a fait craindre le pire pour nos vers de terre.
    Je ne suis pas arrivée à mettre le lien mais sur Google tu le trouveras facilement. Bonne lecture ….enfin si je peux dire!!
    Bonne soirée.
    Françoise N

  5. Bonjour,
    En plus de nous offrir de belles images de votre jardin…. vos articles sont très instructifs…. ! Quel plaisir d’ouvrir vos courriels… merci.
    Bonne soirée.
    Nicole A.

  6. Un grand merci pour ce magnifique article ! Je vois que cette croyance du deux lombrics pour le prix d’un est très répandue…mais hélas totalement fausse (pauvres vers de terre, combien sont-ils à avoir servi de cobayes pour vérifier cette thèse erronée).
    Ils sont d’une importance capitale, oui, mille fois oui !!
    Parmi les prédateurs, tu aurais pu ajouter celui qui fait trembler tous les jardiniers de France et de Navarre depuis quelques années maintenant : le redoutable plathelminte, un redoutable ver plat tueur que j’ai eu l’horreur de rencontrer dans le pot d’une plante achetée chez un pépiniériste. Celui là se multiplie pour de vrai lorsqu’on le coupe en deux…du moins c’est ce qui se dit…

    1. Oui , je me souviens que tu en avais trouvé un dans un pot! Quelle horreur!
      C’est ainsi que nos jardins finiront envahis et nos vers décimés par les envahisseurs… Ce serait une catastrophe!
      Tu n’as pas vérifié toi-même la véracité de ces dires en le coupant en deux?

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