🐦 Oiseaux du jardin : Le Geai des chênes

Il y a à peine une semaine, j’ai installé une mangeoire sur le balcon de notre appartement strasbourgeois pour attirer quelques oiseaux près des baies vitrées cet hiver. Si je n’ai plus de jardin, je fais venir la nature jusqu’à moi…
Le resto n’a pas tardé à être visité par quelques mésanges et puis, cet week-end, pendant que j’étais à Pithiviers dans le merveilleux jardin d’André Eve, tout récemment labellisé Jardin Remarquable, mon Namoureux m’a envoyé une photo en me demandant quels étaient ces «monstres voraces» qui dévalisaient la réserve de noisettes?
Ce sont deux Geais des chênes que je reconnais à leur corps brun-beige-rosé et à la tache bleu vif barrée de bleu sombre sur leurs ailes noires.

Geai des chênes, Garrulus glandarius, Famille : Corvidés (Linnaeus, 1758), Taille : 30-36 cm, pas de dimorphisme sexuel

Est-ce un couple? Je suppose… Le Geai des chênes est monogame. La femelle et le mâle ne se distinguent que par la taille, la femelle étant plus petite (30 à 36 cm).

Ils ne semblent pas farouches car ils viennent à la mangeoire même si la porte-fenêtre du salon est grande ouverte et ils ne s’envolent pas quand on bouge derrière la fenêtre.
On le dit pourtant assez méfiant vis à vis de l’Homme… mais c’est vrai que le coin est plutôt calme ici.
Les oiseaux de la famille des Corvidés sont des oiseaux réputés « intelligents », que l’on peut apprivoiser assez facilement.

Geai des chênes, Garrulus glandarius, Famille : Corvidés, Linnaeus, 1758, Taille : 36 cm

Reconnaître le Geai des Chênes

Le corps est d’un brun-beige-rosé, plus clair sur le dessous.
La face est blanchâtre avec de fines stries noires sur les plumes du front (huppe érectile = les plumes du front peuvent se dresser).
Le bec court et noir est fort, pour casser les glands de chênes dont il se nourrit principalement. Il est prolongé par une bande noire qui donne l’impression qu’il a des moustaches.

Geai des chênes, Garrulus glandarius, Famille : Corvidés, Linnaeus, 1758, Taille : 36 cm, pas de dimorphisme sexuel

Lorsque l’aile est fermée, on remarque surtout la tache bleu vif barrée de bleu sombre et un panneau blanc sur fond noir avec, juste derrière, une teinte châtain vif.
Le croupion est blanc à la base de la queue noire. Les pattes sont couleur chair.

Il fait des réserves

Je comprends mieux maintenant pourquoi je le vois à longueur de journée emporter toutes mes cacahuètes : il fait partie des rares espèces d’oiseaux qui stockent de la nourriture pour l’hiver et le printemps.

En automne, il transporte dans son jabot des glands et des faines dont il est friand et les enfouit dans des cachettes sous la mousse ou la litière de feuilles mortes.
(Son jabot peut aisément stocker jusqu’à 7 glands à la fois!)

Les oiseaux de la famille des corvidés ont une excellente mémoire visuelle et sont capables de retrouver leur nourriture même sous la neige, grâce à des points de repères qu’ils ont soigneusement observés.

Le geai participe ainsi à la régénération de la forêt puisque les graines délaissées pourront germer.

Le Geai des chênes est un omnivore.

Son alimentation varie selon la saison : les graines assurent sa subsistance en hiver (glands, faines, noix, châtaignes, graines de conifères, céréales). Les fruits sont également consommés en fin de saison (baies variées, grains de raisins, maïs,…).
Et au printemps, il mange surtout des petits animaux (insectes et larves, petits vertébrés terrestres (lézards et amphibiens), œufs et poussins des petits passereaux…).
Les jeunes sont nourris quasi-exclusivement d’animaux.

Geai des chênes, Garrulus glandarius, Famille : Corvidés,(Linnaeus, 1758), Taille : 36 cm

La mauvaise réputation…

Il a mauvaise réputation du fait qu’il mange parfois les œufs et les poussins des petits passereaux, mais cet oiseau omnivore contribue à l’écosystème forestier (régulation des populations d’oiseaux et régénération des forêts).
Il a été démontré que c’est la fragmentation des espaces forestiers qui le pousse à piller les nids. En effet, il s’attaque moins aux nids d’autres oiseaux quand les forêts sont épaisses et diversifiées. Il est donc essentiel de préserver les écosystèmes naturels.

Cela dit, cet amateur de fruits peut ne pas être le bienvenu dans un verger…

Geai des chênes, Garrulus glandarius, Famille : Corvidés, Linnaeus, 1758, Taille : 36 cm, pas de dimorphisme sexuel

Un répertoire vocal très riche

Il émet des vocalises très variées, du cri rauque et éraillé bien typique aux gloussements, sifflements et parfois même des espèces de miaulements.
Au printemps, au moment de la formation des couples, ses gloussements sont plus doux et mélodieux.

On dit que le geai cacarde, cajole, frigulote ou jase. 

Dès que la couvaison commence, le geai des chênes devient pratiquement silencieux, et n’émet plus qu’un léger gazouillement.

C’est un bon imitateur : il reproduit parfaitement des chants ou des cris d’autres oiseaux et même de mammifères (chat, cheval).

« Sentinelle de la forêt »

Le Geai est un oiseau « guetteur » dont le cri strident alerte ses congénères mais aussi d’autres animaux (écureuil roux, renards…) à l’approche d’un prédateur ou d’un intrus.

Geai des chênes, Garrulus glandarius, Famille : Corvidés, Linnaeus, 1758, Taille : 36 cm

17 commentaires sur “🐦 Oiseaux du jardin : Le Geai des chênes

  1. J’ai toujours aimé cet oiseau et collectionne les plumes trouvées dans le jardin pour en faire
    un tableau.
    Merci pour cet article trés bien documenté.
    Je mets des cacahuètes car c’est ce qui les attire le mieux

      1. Bonjour
        Je cherche un site pouvant me dire que faire. J’ai trouvé un geai blessé aux pattes apparemment, sur le trottoir ce matin. Je l’ai récupéré. Mis dans un petit panier. Il reste très calme. Je voudrais savoir quoi lui donner à manger et comment le soigner.
        Merci pour vos infos

  2. Bonjour Marjorie
    Merci beaucoup pour toutes ces informations et ces belles photos, j’adore les oiseaux mais je suis loin d’avoir tes connaissances.
    Toujours un ravissement de lire tes articles.

    1. Merci! En réalité je ne connais pas bien les oiseaux mais quand j’en rencontre un nouveau, je fais quelques recherches sur internet pour faire sa connaissance… 😉

  3. c’est mon copain aussi et ils sont plusieurs à venir au jardin. Je pense qu’une fois la « bonne table » repérée, ils y reviennent laissant s’endormir leur crainte, c’est la gourmandise qui l’emporte. Merci pour ton bel article qui m’a d’ailleurs appris l’une ou l’autre attitude que je ne lui connaissais pas, comme ce stockage de graines pour l’hiver et cette faculté de « friguloter » hihihi, j’adore ce terme ! Gros bisous et bonne continuation dans tes observations que tu nous partages et qui sont un plaisir à découvrir.

  4. Quelle belle synchronicité ! Je me demande quel est ce nouvel oiseau dans mon jardin et vous publiez votre article ! L’oiseau s’est posé aujourd’hui sur le cerisier japonais devant le salon. J’ai pu ainsi l’observer assez longtemps pour confirmer qu’il s’agit bien d’un geai des chênes. Vos articles sont toujours un enchantement.

    1. Un article bien instructif , bravo pour ton sens didactique .
      Dans la région il n’y a pas de glands cette année alors que les chemins des bois en étaient couverts l’année passée…. et c’est pareil pour les noix et noisettes …. serait ce un phénomène de cycle naturel ? Je vais m’informer .
      Bonne journée Malo

  5. J’ai assisté du banc où j’étais assise, à une scène que je n’ai pas réalisé de suite ! Un geai des Chênes s’est approché d’un nid et donnait des coups de becs, J’ai pensé une mère qui donne la becquet à ses petits, et puis j’ai vu tomber un oiseau, je me suis approchée et j’ai vu le deuxième tomber, je voulais les sauver mais impossible, leur tête trop abîmée, en fait ce geai a éjecté deux pigeonneaux de leur nid et pas des riquiqui déjà gros comme la main d’un adulte, et pendant que j’ enterrai les pigeonnaux le geai et parti sautiller à l’endroit où ils les avaient fait tomber! Une scène que je ne suis pas prête d’oublier !

    1. Ah oui, j’imagine! C’est choquant d’assister à une telle scène… et puis, en même temps, c’est la vie, on ne peut rien y faire. Observer cela et être impuissants pour sauver ces oisillons, c’est dur!

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