(Un article « hors sujet » mais si vous ne voulez que des roses, lisez seulement la fin).
Un matin, pendant nos vacances en Normandie en 2013, rendez-vous à 8h45 au Mémorial de Caen, point de départ de notre visite guidée.
Thierry, notre guide, nous accompagnait dans la découverte des plages du débarquement et nous dévoilait avec force détails et anecdotes ce triste épisode de l’histoire.
Premier site: la batterie d’artillerie de la Pointe du Hoc qui surplombe la falaise.
Menace redoutable pour le débarquement des troupes américaines, elle fut le théâtre de nombreux bombardements alliés avant le D-DAY.
Les enfants se sont amusés à courir dans les cratères qui en témoignent encore.
Je suis soufflée d’apprendre que, malgré un plan minuté qui semblait sans faille, les alliés n’ont pas pris en compte les courants marins qui les ont déportés à 2 km à l’est du lieu de débarquement prévu. Cette erreur de navigation entraîna un retard de quarante minutes et leur enleva l’effet de surprise.
Ils ont malgré tout réussit à prendre le contrôle du site, mais au prix de lourdes pertes.
Par la suite, les pièces d’artillerie intactes se révéleront avoir été déplacées par les Allemands peu de temps auparavant, pour les sauvegarder de nouvelles attaques aériennes en attendant la construction des casemates destinées à les protéger.
S’ils avaient su…
Avant de partir, les enfants posent avec leur grand-père devant un monument en l’honneur du sacrifice des troupes américaines.
Cette grande pointe de granite, dressée au sommet de la falaise, sur l’ancien poste de direction de tir, symbolise le poignard des Rangers.
Nous avons aussi, plus tard, fait une halte à la batterie d’artillerie de Longue-sur-Mer. Celle-ci est intéressante à voir car c’est la seule de la région qui a conservé ses 4 canons, abrités dans des casemates en très bon état et bien restaurées.
Notre guide nous emmène ensuite à Omaha Beach, surnommée ‘la Sanglante’ en raison des pertes effroyables subies par les alliés (3000 morts, disparus ou blessés).
Ici, encore, les forts courants côtiers déportèrent leurs frêles embarcations vers l’est, mettant à mal le plan prévu.
Je suis en plus étonnée d’apprendre que les chars amphibies sombrèrent presque tous. Ils avaient été testés avec succès… sur des lacs! Les vagues les ont rapidement fait chavirer…
Mais le plus émouvant nous attendait ailleurs, au bout d’une large allée bordée de chênes verts…
Au cimetière américain, des milliers de croix de marbre blanc s’alignent à perte de vue, tournées vers l’Ouest, pour mener les âmes sur le chemin de leur pays.
C’est un lieu impressionnant, calme et serein. Un lieu de recueillement.
La plupart des stèles sont en forme de croix latine, quelques-unes en forme d’étoile de David pour les soldats de confession juive.
Le guide a raconté que beaucoup de soldats juifs abandonnaient leur Dog tag (plaque militaire) car l’étoile de David y était gravée et ils étaient conscients des risques qu’ils encouraient s’ils tombaient aux mains des Allemands en possession de cette plaque.
Un père et son fils gisent côte à côte, des frères, quatre femmes…
Parmi elles, Elisabeth Richardson, une des jeunes infirmières au service de la croix-rouge américaine qui a travaillé comme hôtesse Clubmobile, offrant du réconfort aux soldats en leur préparant des donuts et du café.
C’est à la fin de la guerre, en juillet 1945, qu’elle trouve tragiquement la mort, dans un accident d’avion, alors qu’elle ralliait le siège social de la Croix-Rouge à Paris.
J’ai aussi été émue devant la tombe de Billie D. Harris dont la femme, inconsolable, n’a été prévenue qu’il y a 6 ans que son époux reposait là. Une histoire étonnante…
Depuis, elle vient chaque année se recueillir devant la tombe de son bien aimé et fait porter un bouquet de fleurs chaque mois.
Enfin, la croix de marbre du général Théodore Roosevelt Junior, titulaire de la médaille d’Honneur sur l’insistance de ses hommes, a des inscriptions dorées.
Malgré sa santé fragile, il fut le seul Général à débarquer en première ligne sur une des plages du débarquement.
Il est aujourd’hui enterré près de son frère, Quentin Roosevelt, qui mourut pendant la 1ère guerre mondiale.
Quatorze mille autres corps de Gi’s ont été rapatriés aux Etats-Unis à la demande des familles.
A l’arrière du mémorial, le « jardin des disparus », dont les pelouses sont bordées de plate-bandes de rosiers polyantha, est entouré d’un long mur circulaire sur lequel sont gravés les noms des 1 557 soldats disparus.
A côté du nom de 13 soldats se trouve un discret petit écusson signalant que leur dépouille a été retrouvée. On le devine ici, sur la ligne du sergent John Simonetti, dont le corps a été retrouvé en 2009.
Que de vies perdues…
Magnifique et bien émouvant article Malorie , c’est en mémoire de tous ces jeunes américains qui ont donné leur vie pour nous libérer, que je garde gratitude et respect pour l’Amérique . Merci .
Reportage émouvant, que de vies brisées mais ces jeunes nous ont sauvé du nazisme, nous devons nous souvenir de cela.
Marie-Claude
Tant de morts… J’ai vu des films sur le débarquement. C’était l’horreur, ils se faisaient tirer comme des lapins. Respect à tous ces hommes!
Oui, c’est le sentiment qui domine : quel gâchis! Mais ailleurs, la boucherie continue. Les hommes n’apprennent rien et l’expérience des autres n’est utile à personne…
Un sacrifice qui n’a pas été vain Malorie puisque ils sont venus à nous libérer des nazis!
On reconnait la pédagogie de l’institutrice et ta sensibilité: quel émouvant recit!!
C’était comme si j’y étais…
J’ai pensé à tous ces soldats quand j’étais sur les plages à côté de Caen l’année dernière.
C’est grace à EUX si nous parlons français .
J’ai aussi visité le musée qui est très bien fait.
Ces plages furent avec le haras du Pin notre objectif durant un bon mois de rando équestre (un peu plus de 800 bornes) et je ne suis pas prête d’oublier le galop qui a suivit sur ces plages de plusieurs kilomètres de long.
Avec notre fille Zoé, nous avons fait une petite ballade d’1 heure le long du littoral (elle est trop jeune pour pouvoir galoper sur les plages). C’est un très chouette souvenir!
Ce qui m’a frappé le plus en visitant de tels cimetières c’est de voir l’âge des victimes (presque tous dans la vingtaine). J’ai un oncle (décédé) qui a participé au débarquement (Canadien). C’est un sujet dont il ne voulait pas parler. Le seul commentaire qu’il faisait dont je me souvienne, c’est qu’il ne pouvait pas comprendre qu’il soit resté en vie alors que la majorité des autres s’effondraient autour de lui.
Beaucoup de gamins y ont participé, et péri.
Au cimetière américain, les âges n’ont pas été inscrits sur les stèles mais, d’après notre guide, plusieurs témoignages confirment que parfois, ils avaient à peine 16 ans. C’est atroce! Ce devait être terrible pour les mères qui laissaient leur enfant partir se faire tuer… Et terrible pour ces enfants qui se retrouvaient au coeur d’un tel carnage!
Que de vies gâchées, en effet… Difficile d’imaginer un tel carnage dans ce décor si serein, et pourtant… . Ces lieux restent empreints de ces tristes souvenirs, et ni les vagues ni le vent ne les ont depuis emportés au loin. C’est bien que vous ayez eu un guide, les enfants ont dû être aussi très impressionnés. Et c’est bien que tu nous rappelles la mémoire de ces hommes et tu l’as fait d’une façon simple mais très touchante.
Très beau reportage émouvante et touchant.
Merci de remettre à jour le devoir de mémoire.
j’ai visité ce cimetière l’an dernier, et j’avais les larmes aux yeux et le coeur gros tout au long de la « promenade »..je suis lorraine d’origine, près des frontières allemandes..mon père qui était lycéen à la fin de la guerre, a correspondu des années avec une famille américaine dont le fils est enterré au cimetière américain de Saint Avold (Moselle)..les parents sont venus plusieurs fois sur la tombe de leur fils..ce sont des souvenirs très douloureux..