Sur un rosier, quand on observe une pousse à croissance rapide et vigoureuse, on peut se demander si c’est une bonne nouvelle branche principale ou si c’est un rejet à arracher…
La confusion est fréquente et nombre de jardiniers suspicieux suppriment par erreur de belles nouvelles charpentières qui auraient pourtant rajeunit le rosier et fleurit abondamment.
Alors, comment reconnaître les rejets avec certitude?
Le point de départ de la pousse
Le rosier que l’on achète en pépinière est généralement un rosier greffé.
C’est-à-dire que la partie aérienne, avec les branches et les belles fleurs qui vous ont séduit (c’est le greffon), a été greffée sur un rosier botanique choisi, lui, pour les qualités de son système racinaire (c’est le porte-greffe).
Entre les deux, le « point de greffe » se présente comme un petit renflement qui fait la jonction entre les branches et les racines.

Si la tige démarre au-dessus du point de greffe, c’est bon!
Toute pousse qui démarre plus haut que le point de greffe (c’est à dire au-dessus du renflement qui se situe à la base du rosier), n’est PAS un rejet!
C’est une bonne nouvelle branche à garder précieusement, quelle que soit sa vigueur, sa couleur, ou le nombre de folioles sur ses feuilles! Ces autres critères, pris indépendamment, ne sont pas déterminants pour identifier un rejet du porte-greffe!
Les nouvelles pousses qui viennent renouveler le rosier sont souvent teintées de bronze ou de rouge, mais pas toujours! Elles peuvent parfaitement être vertes…
Notez également que certains rosiers ont naturellement des feuilles composées de 7 folioles. Tout ce qui porte des feuilles à 7 folioles n’est donc pas forcément un rejet!
On rencontre aussi parfois sur le même rosier, voire sur la même tige, certaines feuilles composées de 5 folioles et d’autres de 7 folioles. Aucun problème à cela! Le nombre de folioles sur la feuille n’est pas un critère significatif pour déterminer si c’est un rejet. Tout au plus, cela permet de confirmer l’identification d’une pousse suspecte, après avoir constaté que son point de départ est bien sous le point de greffe.
Beaucoup de jardiniers font l’erreur de supprimer ces longues tiges vigoureuses, soit parce qu’ils pensent que c’est un rejet, soit parce qu’elles sont gênantes. Ce sont pourtant elles qui rajeuniront le rosier et fleuriront abondamment!
Sur un grimpant, gardez la longueur et contentez-vous de les attacher provisoirement en attendant de les palisser, après l’hiver. Elles pourront alors remplacer une vieille charpentière.
Sur un arbuste, on peut les raccourcir pour équilibrer la silhouette et l’inciter à fleurir.

Si la tige démarre sous le point de greffe, on l’arrache!
Toute pousse qui démarre sous le bourrelet de greffe est un rejet à arracher (souvent appelé « gourmand »).
Sur les rosiers tiges, le point de greffe est en hauteur puisqu’il fait la jonction entre le tronc et les branches. Si des rejets apparaissent sur le tronc ou au niveau du sol, coupez-les à l’aide d’un couteau bien aiguisé.
Une vigoureuse tige vert clair, avec des entre-nœuds plus longs, des épines différentes de la plante d’origine et un feuillage à 7 folioles : tout ceci confirmera l’identification si un doute subsiste après avoir vérifié le point de départ de la pousse, mais pris indépendamment, ce ne sont pas des critères suffisants.
Si la tige pousse au niveau des racines, parfois même à distance du rosier, c’est un drageon
Le « drageon » se développe sur les racines. Il va rapidement produire son propre réseau racinaire et ainsi s’affranchir de la plante mère.
Il se peut qu’un rosier greffé drageonne si on a enterré le porte-greffe. Dans ce cas, le drageon est conforme au porte-greffe et il faudra l’arracher avec ses racines.
En revanche, sur un rosier non greffé, le drageon sera un clone du pied mère, on pourra éventuellement le conserver si la place le permet (dans un large bosquet ou dans une haie par exemple), ou bien on peut le déplacer pour multiplier la plante, ou simplement l’arracher si on n’en veut pas! Les lilas, les forsythia ou les noisetiers ont aussi tendance à drageonner. C’est un phénomène naturel qui n’affaiblit pas la plante.
Dans mon jardin, après près de 10 ans en place, le rosier Charles de Mills a commencé à drageonner, tellement que… j’ai fini par l’arracher! Ce printemps, j’arrache encore des drageons tout autour de mon petit point d’eau…

Comment éliminer les rejets?
Une fois le rejet identifié, il est préférable de l’arracher à la main, le plus près possible de sa base, quitte à creuser un peu la terre autour pour le dégager.
Si vous ne parvenez pas à l’arracher à la main, vous pouvez utiliser un couteau bien aiguisé ou un sécateur.
Néanmoins, une taille au sécateur, pas assez près de la base, risque de le renforcer et il est probable qu’il resurgisse. A surveiller donc!
Si c’est un drageon qui a pris naissance sur une racine, n’hésitez pas à arracher la racine porteuse du drageon.
Pourquoi éliminer les rejets ?
Le porte-greffe, un rosier sauvage, prend souvent le dessus: si on le laisse rejeter, il rafle toute la sève, au détriment de la variété greffée qui s’affaiblit, fleurit de moins en moins et finit par disparaître.
Ne resterait alors que le rosier botanique qui a été utilisé comme porte-greffe, avec des églantines roses à blanches.
Éliminer les rejets permet donc de privilégier la croissance et la floraison du rosier que l’on a choisi (le greffon).

Note :
Le terme « gourmand » est généralement utilisé à mauvais escient dans le cas des rosiers. Par définition, c’est une pousse secondaire, qui prend naissance sur une branche principale. On en parle souvent concernant les plants de tomate ou des fruitiers…
Sur un rosier, on conservera dans la plupart des cas ces tiges secondaires très vigoureuses. Elles peuvent devenir à leur tour des branches principales intéressantes pour renouveler la charpente.
NB : Cet article n’est pas encore illustré car je manque de photos sur le sujet. Si vous disposez de belles photos personnelles pour illustrer les rejets des rosiers, notamment leur point de départ sous le point de greffe, et que vous acceptez que je les publie ici, n’hésitez pas à me les envoyer.
Sinon, j’illustrerai plus tard… 😉