L’Histoire des roses: des rosiers sauvages aux rosiers modernes

Comment classer les rosiers? Cela me turlupine depuis un moment…

On fait souvent un classement simplifié: les anciennes, les modernes, les anglaises et les grimpants.

Mais comme il est parfois instructif de se compliquer la vie, j’ai essayé de m’y retrouver dans l’Histoire des Roses, et d’y situer celles de mon jardin.
Quel casse-tête ce classement par familles!  La généalogie des rosiers est si complexe que les botanistes ne sont pas toujours d’accord entre eux…

D’abord, les rosiers sauvages (rosiers botaniques)

Les rosiers sauvages sont les variétés originelles qui poussent à l’état naturel et spontané dans la nature. Ce sont généralement des arbustes vigoureux, à fleurs simples, le plus souvent à 5 pétales étalés en corolle autour des étamines. Des églantiers sauvages…
Leur unique floraison est suivie de beaux cynorhodons colorés. Certains ont un feuillage remarquable.

Parmi les rosiers sauvages, on peut citer entre autres:

– Rosa canina: C’est l’églantier commun, très variable dans la nature. C’est surtout un excellent porte-greffe pour tous les rosiers cultivés car il tolère même le calcaire.
– Rosa chinensis ou rosier de Chine : il est à l’origine de tous les rosiers remontants actuels.
– Rosa foetida ou rosier jaune de Perse: Il a apporté la couleur jaune dans le royaume des hybrides remontants modernes.
– Rosa gallica : Cultivé depuis l’antiquité pour ses grandes églantines rose vif très parfumées. Il est à l’origine des roses anciennes, notamment des rosiers Centfeuilles, des mousseux, des roses de Damas et des hybrides remontants, dont ceux ayant le vrai parfum de rose.
– Rosa hugonis : son beau feuillage se couvre d’églantines jaune doux en mai. (clic ici pour le découvrir)

rosa ‘Hugonis’ ou rosier jaune de Chine

– Rosa moschata (rosier musqué) : il produit des fleurs blanc crème groupées.
– Rosa multiflora : Rosier sarmenteux aux bouquets de petites fleurs blanches ou roses. Utilisé comme porte-greffe.

rosa ‘Multiflora’ (Botanique)

– Rosa omeiensis : il se distingue par ses fleurs blanches n’ayant que 4 pétales.

rosa omeiensis ‘pteracantha’ a de remarquables aiguillons rouges et translucides sur les jeunes rameaux

– Rosa pimpinellifolia (syn. R. spinosissima) : très épineux, feuillage rappelant celui de la pimprenelle. Il a produit plusieurs variétés à fleurs simples ou doubles.
– Rosa rugosa (rosier rugueux) – remarquable par son feuillage, ses fleurs et ses fruits. Par hybridations horticoles,  il est à l’origine de nombreux rosiers arbustes.
– Rosa wichuraiana : rosier très sarmenteux et vigoureux, à l’origine des rosiers sarmenteux non remontants mais à la floraison très abondante au début de l’été.

Puis les rosiers anciens

On appelle rosiers anciens tous ceux qui relèvent des variétés sauvages jusqu’à ceux qui sont nés par hybridation jusqu’en 1867. Leur principale caractéristique est le parfum puissant des fleurs…

Les espèces ne sont pas très nombreuses : rosier Alba, Centfeuilles , gallique, rosier de Damas, rosier mousseux, etc… Néanmoins, les rosiers sauvages sont à l’origine des nombreux cultivars de roses anciennes à fleurs doubles, créés dans le monde de la rose.

Les Galliques

rosiers sauvages à l’origine, cultivés depuis l’antiquité pour leurs vertus médicinales.
Buisson non remontant – très parfumé – fleur double ou semi-double – rustique – drageonnant.
rosa ‘Duchesse de Montebello’  – Gallique, Laffay, avant 1826 – (plantation en 2014)
rosa ‘Charles de Mills’ – Gallique, Bussard 1746 ou 1790? – (plantation en 2011)

Les Damas

Hybride de Rosa gallica mais plus grands que ces derniers (jusqu’à 2,5m). Arrivés chez nous entre le XIIe et le XVe siècle, ils étaient peut-être déjà cultivés dans les pays méditerranéens avant l’ère chrétienne. Rosa damascena donna naissance aux premiers rosiers cultivés pour la fleur coupée, agréablement parfumée.
Très parfumé – double ou semi-double – blanc ou rose, transparente comme de l’opaline – très rustique.
rosa ‘Rose de ‘Rescht’ – ancien, Damas, Portland 1880 – (plantation en 2012)
‘Rose des Quatre Saisons’ – ancien, Damas – (plantation en 2012)

Les alba

Grands arbustes solides – bien rustiques – supportent la mi-ombre (qualités héritées de sa parenté avec R. canina) – non remontants – fleurs blanches, ivoires ou rose nacré, soyeuses – feuillage mat, gris clair.

‘Cuisse de Nymphe’ (ancien, alba, 1550)

Les Centifolia

Cultivée dès 1596 en Hollande, elle est sans doute née d’un croisement entre un rosier de Damas et un rosier Alba.
Souvent représentées par les grands maîtres du XVIIIème, les centifolia ont la particularité de ne pas s’ouvrir à plat mais de conserver une forme ronde qui leur a valu le nom de Rose Chou.
Grands buissons – fleurs très doubles, le plus souvent roses – très parfumé – remontant – feuillage dentelé.

Les Mousseux

Le pédoncule et le calice sont couverts d’une « mousse » douce et parfumée.  Une mutation de rosier centifolia est à l’origine du premier rosier mousseux. Fleurs parfumées.

rosa ‘Salet’ – Mousseux, Lacharme 1851 – (plantation en 2012)
rosa ‘Zoé’ – ancien, Mousseux, Vibert 1830 – (plantation en 2012)

Les Chinensis

Ces rosiers rapportés par la compagnie des Indes en 1792, remontants aux couleurs chatoyantes,  sont une révolution! A protéger du froid!

rosa chinensis ‘Mutabilis’ dans le jardin personnel d’André Eve

Les Portland

Apparue vers la fin du 18e s, elle porte le nom de la duchesse de Portland, qui la rapporta d’Italie. Ils ressemblent aux Galliques si ce n’est qu’ils sont remontants.  Les fleurs semblent s’appuyer sur le feuillage. Pétales foisonnants – très parfumé – port compact – petite taille, floraison presque continue – très épineux.

rosa’Yolande d’Aragon’ – Portland, Vibert 1843 – (plantation en 2011)

 

rosa ‘Comte de Chambord’ (Portland, Moreau-Robert 1860)

Les rosiers thé

Venus de Chine en 1809, ils détestent le froid et l’humidité stagnante! La rose thé est devenue célèbre grâce à son parfum.

Les Noisette

Descendant des Rosa chinensis, nés d’un mariage « au pinceau »  par Philippe Noisette, ils aiment recevoir une protection hivernale – grimpants élégants et gracieux – fleurs en grappes parfumées de couleur tendre – remontants..

rosa ‘Mme Alfred Carrière’ – Noisette
rosa ‘Blush Noisette’  (Noisette, Noisette, environ 1814)

Les Bourbons

Rosa x borboniana, le premier rosier Bourbon, est un hybride spontané d’une rose de Chine et de Damas, découvert en 1817 sur l’île Bourbon.
Par leur parenté, les bourbons  sont sensibles au froid et à l’humidité.
Il semblerait que ses descendants croisés avec des rosiers Galliques ou de Damas, sont très rustiques.

‘Reine Victoria’ (Bourbon, Schwartz 1872 ou 1882?)

Les hybrides remontants

Nés d’un Bourbon, ce sont des arbustes très rustiques, parfumés, mais assez sensibles aux maladies.  A planter en situation bien dégagée.

Les rosiers pimprenelles ou pimpinellifolia (syn spinosissima) 

Rosiers sauvages d’Asie et d’Europe découverts avant 1600
Faciles de culture – grands buissons arqués – très épineux – petit feuillage très découpé.

rosa ‘Hugonis’ (syn. Rosa xanthina , ‘rosier du Père Hugo’ ou ‘rosier jaune de Chine’), – botanique, Pimpinellifolia, vers 1899 – (plantation en 2013)

Les rugueux

Découvert dans le nord de la Chine et au Japon.
Remontant – rustique – vigoureux – feuillage vert foncé gaufré – grandes fleurs simples roses, blanc pur ou pourpres, avec une couronne d’étamines dorées – parfumé – beaux grands fruits brillants, délicieux.
Clic ici pour découvrir mon article sur les rosiers rugueux…

rosa ‘Ann Endt’ – Rugosa, Nancy Steen 1978 – (plantation en 2012)

Les moschata

R. Moschata est à l’origine des rosiers Noisette et des hybrides musqués. Le Révérend Père Pemberton a créé des merveilles au début du 20e s., améliorant la rusticité et favorisant un port souple et naturel.
Rustique – très florifère – remontant – parfumé – très sain – fleurs simples, en petits bouquets – grand arbuste au port souple et naturel. (voir mon article sur les rosiers moschata, ici).

rosa ‘Mozart’ – moschata, Lambert 1937 – (plantation en 2013)

Puis, les modernes

Les hybrides de thé et les rosiers modernes à grosses fleurs

Hybridés et encore hybridés , ils n’ont plus rien du caractère sauvage d’origine.  L’innovation, c’est la recherche de couleurs avec l’arrivée du jaune pur et du rouge franc.

rosa ‘Acropolis’ – hybride de Thé moderne, Meilland 2002 – (plantation en 2011)
rosa ‘Bossa Nova’ (syn. ‘The Faun’) – hybride moderne, Poulsen 1990 – (plantation en 2012)
rosa ‘Petticoat’, ‘ (x floribunda, hybride de Thé, Kordes 2004) qui a obtenu le label ADR

Les polyantha

Petits buissons compacts, faciles et très sains. Floraison presque continue et importante, de petites roses doubles en bouquets – généralement sans parfum.

rosa ‘The Fairy’ – polyantha, Bentall 1932 – (plantation en 2004)

Les floribunda

Croisement des hybrides de Thé avec des Polyantha, ils ont une bonne rusticité. Floraison continue et abondante – Buissons imposants – bouquets de fleurs moyennes doubles ou semi-doubles – port raide – vigoureux

rosa ‘Little White Pet’ – floribunda – Henderson 1879 – (plantation en 2012)
rosa ‘Astronomia’ – floribunda- Meilland 2006 – (plantation en 2012)
rosa ‘Opalia’ (Noack – Floribunda 1991)

Les grandiflora

Issus de divers croisements avec les Floribunda, ils ont l’allure de buissons à grosses fleurs.

Les roses anglaises

David Austin, grand précurseur, créé ces roses qui ont le charme et l’allure des rosiers anciens dont elles ont gardé le parfum, mais ils sont en outre bien remontants et résistants. Ses obtentions offrent en plus des coloris jaunes ou abricotés qui sont très rares chez les rosiers anciens.

rosa ‘Guirlande d’Amour’ et ‘Constance Spry’ (première création de David Austin, 1961, rosier grimpant, parfumé). 
rosa ‘Wollerton old Hall’ – rose anglaise, Austin
rosa ‘Princesse Alexandra of Kent’ – rose anglaise, Austin 2008 – (plantation en 2012)

Enfin celles que l’on classe très simplement selon leur utilisation

LES ROSIERS PAYSAGE, LES ROSIERS ARBUSTES , LES COUVRE-SOL, LES GRIMPANTS OU LES LIANES…

– Les lianes : ils ont une vigueur exceptionnelle! Ce sont des rosiers rustiques dont les longues pousses ne nécessitent ni taille, ni entretien, à moins d’être assez fou pour vouloir le palisser sur un support. Le plus souvent non-remontants mais la floraison spectaculaire est généralement suivie d’une fructification décorative.

rosa ‘Paul’s Himalayan Musk’ (Liane, Moschata, Paul 1916)

– Les rosiers paysagers (arbustifs ou couvre-sol) : arbustes solides, très florifères, bien remontants, rustiques, sains et faciles de culture – port naturel, érigé ou couvre-sol.
Certains n’ont de « moderne » que l’allure puisque l’on classe dans cette catégorie des hybrides de Rosa rugosa, des Hybrides de muscosa ou des Floribunda.

rosa ‘Tapis Volant’ (couvre-sol, hybr. moderne, Lens 1982)
‘Castor’ – hybr. moderne couvre sol, Barni 1987 – (plantation en 2012)

– Les grimpants : Ces rosiers de 2 à 3 m doivent être palissées sur un support (clôture, tonnelle, pergolas…).

rosa ‘Théo’ (hybr. moderne, grimpant, Eve-Rateau 2011) et rosa ‘Belle de Sardaigne’ (grimpant, ‘D. Massad 1996)
rosa ‘Belle des Fagnes’ – grimpant, D. Schmitz 2004 – (plantation en 2013)
rosa ‘Sourire d’Orchidée’ – grimpant, hybr. moderne, P. Croix 1985 – (plantation en 2013)

6 commentaires sur “L’Histoire des roses: des rosiers sauvages aux rosiers modernes

  1. Super intéressant, moi qui ai du mal à m’imprégner de tout ce qui concerne les rosiers, je sais où je peux trouver toutes les informations maintenant.
    Bravo pour ce travail et aussi ton blog.
    Bonne soirée
    Nicole

  2. Ta méthode de classement est très intéressante.
    Moi je me contente (tout bêtement, dirai-je) avec un classement par ordre alphabétique dans un tableau, avec colonne pour l’obtenteur, l’année d’obtention, la famille, origines éventuelles de l’hybridation, forme de la plante (buisson, arbuste, grimpant…), hauteur, forme des fleurs et parfum ou pas. Puis date et lieu d’achat et producteur.
    Je procède de cette façon avec tous les végétaux du jardin, dès leur arrivée. J’ai renoncé à indiquer le lieu de plantation, à cause des « chaises musicales » : ça bouge tout le temps !

  3. Bonjour,
    Ton article est très sympa,
    Je suis complètement dingo des rosiers sauvages, je commence une collection de ces roses originelles, répertoriées, elles s’élèveraient environ à 150, en lisant le remarquable ouvrage de Eléonore CRUSE tu ne pourras que les aimer. Quoi qu’il en soit, encore bravo pour ton article.
    Bon dimanche

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